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Mural de Jorge Molina (2025)

Une réalisation inédite du street artist Jorge Molina, spécialement invité à l'Université Gustave Eiffel

Reçu à l'université Gustave Eiffel en novembre 2025 sur l'invitation de l'UFR Langues, Cultures et Sociétés (LCS), le street artist argentin Jorge Molina y a réalisé un projet participatif de mural s'inscrivant dans la grande tradition latino-américaine du muralisme. Ce mouvement, né au Mexique dans les années 1920, s'inscrit dans l'héritage des peintures murales précolombiennes, et se veut un art "monumental et héroïque, humain et populaire". 

Artiste reconnu, Jorge Molina a d'abord pu échanger avec les étudiants et personnels de l'université pour leur présenter son projet, avant de se lancer dans sa réalisation, effectuée sur deux journées (20-21 novembre 2025). Elles ont offert d'autres occasions d'échanges avec le public, invité à collaborer à la peinture de ce mural. 

Coordonné par Caroline Prévost, professeure agrégée et docteur en études hispaniques et hispano-américaines, le projet a notamment intégré la participation des étudiantes et étudiants de LCE2 et de LEA3 des promotions 2025-2026, et rejoint la programmation du colloque « Cultura en democracia y cultura democrática en las ciudades de España y América Latina (1975-2025) » coordonné par Fanny Blin, Andrea Otero, Isabelle Mornat et José Rafael Ramos Barranco.

Une œuvre à contempler sur le palier de l’escalier principal, au 3ᵉ étage du bâtiment Copernic. 

En savoir plus : 

Récit de la composition du mural, par Caroline Prévost.

Consulter d'autres oeuvres de l'artiste sur son site internet : https://pintorjorgemolina.wixsite.com/misitio

Quelques pistes d'interprétation du mural.

Le mural repose sur la perspective divine, associée au nombre d’or (environ égale à 1,61), qu’engendre cette spirale rappelant la forme d’un nautile. En effet, chaque groupe de motifs constitue une unité thématique. En partant du centre, on découvre une lune entourant un œil, puis des maisons semblant se transformer en livres, symboles de savoir et d’apprentissage. Vient ensuite le bâtiment Copernic, interprété librement par l’artiste pour stimuler notre imaginaire. Une végétation luxuriante, reprise à l’angle externe gauche, représente les paysages de Seine-et-Marne, notamment les bords de Marne.

Plusieurs mains, de couleurs de peau différentes, symbolisent la diversité, la solidarité, l’entraide et la tolérance. Elles s’entremêlent avant de conduire à un ensemble de formes géométriques que l’on peut lire comme des touches de piano et comme un accordéon, introduisant une dimension presque sonore, nous rappelant certains moments festifs de l’UFR à l’image de la Fête des Langues et des Cultures.

La guitare évoque, quant à elle, la diversité linguistique et culturelle propre à notre UFR. Instrument voyageur devenu universel, la guitare descend notamment du oud arabe, introduit en Espagne au Moyen Âge, avant d’évoluer en guitare classique puis moderne. Au fil des siècles, elle a traversé les continents, accompagnant les transformations musicales du flamenco au blues, du jazz au rock. Présente aujourd’huidans presque toutes les cultures du monde, elle rappelle que l’art n’a pas de frontières.

Le patrimoine local apparaît également avec le château de Champs-sur-Marne situé sur la section gauche. L’architecture du bâtiment semble néanmoins manquer de symétrie, tout comme le piano qui paraît désaccordé. Cette dissonance peut susciter une seconde lecture : la vie universitaire est aussi faite d’obstacles, d’efforts et parfois de désillusions. Enfin, à la demande de la communauté, les sigles de l’UFR se fondent dans la végétation des bords de Marne.

Le mural est volontairement coloré, à l’instar des compositions qui tatouent les villes latino-américaines. Toutefois, l’artiste ne livre aucune interprétation précise concernant la palette chromatique sélectionnée : il souhaite que les spectateurs conservent une posture active et esquisse leur propre lecture. Il en va de même pour les deux yeux dissimulés dans la fresque, qui observent, qui témoignent ou qui veillent. À chacun d’y attribuer le sens qu’il souhaite. Le même principe s’applique à l’avion de papier muni d’un pinceau qui traverse l’œuvre et qui se veut porteur de messages.

Enfin, certains étudiants ont tenu à laisser leur propre touche : ils ont apposé de manière aléatoire leurs empreintes de pouces rouges sur la partie droite du mural, comme une trace de leur passage et de leur expérience au sein de l’UFR LCS.

Caroline Prévost.